© Maxime Sauvage

© Maxime Sauvage

Pratique

Ma pratique cherche à infiltrer le quotidien par des gestes artistiques à faible coefficient de visibilité et aux matérialités modestes. Je souhaite ainsi remettre en question nos modes d’expérience des lieux dits ordinaires, ces derniers étant de plus en plus organisés par une exigence d’optimisation et de rentabilité des activités humaines.

Adoptant une pratique indisciplinée et se voulant discrète, je favorise des formes éphémères ou à la matérialité humble comme des végétaux ou des matériaux trouvés. Au fil d’un projet, je passe allègrement de la manœuvre, à la sculpture, à l’installation, à la vidéo ou aux zines. Mon travail s’inspire des « manières de faire » vernaculaires et de la culture DIY.

Je détourne des techniques et formes provenant notamment de la cuisine, de l’agriculture ou de la construction. Il m’arrive très souvent de reprendre des gestes, des outils et des images qu’on associe à ce type de travail. Or, en les changeant de contexte et en y évacuant la notion d’utilité, je cherche à souligner l’absurdité d’un système qui priorise la productivité aux dépens de l’humain et de l’environnement. Par le fait même, cela me permet de développer un langage formel dont les références proviennent d’une culture commune plus facilement accessible aux gens hors du champ de l’art actuel.

Au fil d’un même projet, je peux passer de la recherche documentaire à celle de terrain, à la conception d’outils en vue d’une manœuvre, à la réalisation de celle-ci ou se matérialiser en des objets ou des installations dans un espace d’exposition.

J’envisage ma pratique comme celle d’un semeur de trouble puisque mon travail est souvent peu visible et qu’il espère entraîner — faire germer — une remise en question de notre expérience du quotidien. La notion de trouble fait également référence aux tactiques d’infiltration du réel que j’emploie et renvoi à Donna Haraway qui nous enjoint à « chérir l’ambiguïté ».C’est ce que je cherche à faire en abordant mes sujets de plusieurs manières et ainsi en brouiller la perception chez les spectateurs afin qu’ils puissent s’inventer leurs propres récits de mes œuvres.

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Practice

My practice seeks to infiltrate everyday life through artistic acts with low coefficient of visibility and modest materialities. Thus, I wish to question our modes of experience of so-called ordinary places, the latter being increasingly organized by a requirement for optimization and profitability of human activities.

Adopting an undisciplined practice and wanting to stay discreet, I favour ephemeral forms or humble materiality such as plants or found materials. Over the course of a project, I move happily from on-site intervention, to sculpture, to installation, to video or zines. My work is inspired by the vernacular ways of doing things and DIY culture.

I subvert techniques and forms coming from cooking, agriculture, or construction. Very often I use gestures, tools, and images that we associate with this type of work. However, by changing their context and removing the notion of utility, I seek to underline the absurdity of a system which prioritizes productivity at the expense of humans and to the detriment of the environment. In turn, this allows me to develop a formal language whose references come from a common culture more easily accessible to people outside the field of contemporary art.

Over the course of the same project, I can move from documentary research to field research, to the design of tools to do an on-site intervention or even create objects or installations for an exhibition space.

I consider myself as a sort of harmless saboteur, a good troublemaker. Hence, my work is often not very visible, and it hopes to eventually lead to a questioning of our everyday experience. The notion of trouble also refers to the tactics of infiltration of the reality that I use and refers to Donna Haraway who enjoins us to “cherish ambiguity.” This is what I seek to do by approaching my subjects from different ways and thus blur the perception of it among viewers so that they can create their own stories about the work.